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dimanche 1er octobre 2006, par
Les jardins autofertiles consistent en des aménagements visant la culture de fruits et légumes en recréent un écosystème diversifié où les processus naturels sont mis à contribution.
Le concept de jardins autofertiles a vu sont apparition au Québec il y a environ 8 ans, alors que la française Émilia Hazelip venait enseigner sa méthode de jardins synergétiques. Depuis, plusieurs des centaines de personnes ont suivis de telles formations et de nombreux ateliers sont constamment offerts (voir références et formation).
Le travail d’Émilia visa à adapter des méthodes de cultures, telle l’agriculture sauvage de Masanobu Fukuoka, à un climat tempéré. Néanmoins, la première source d’inspiration est la nature elle-même, à savoir, comment une écosystème non perturbé fonctionne-t-il ?
Parmi les grandes influences, on retrouve :
Concrètement, plusieurs individus ont contribué, par leurs observations, expériences et recherches à développer la méthode des jardins autofertiles que nous connaissons actuellement. Les recherches scientifiques sur le fonctionnement du sol, des plantes et des écosystèmes apportent également constamment de nouvelles confirmations (par ex. la recherche sur les mycorhizes et le non travail du sol à l’institut Rodale).
Hans Peter Rusch : les bases de la fécondité du sol, l’analogie entre le fonctionnement du sol et celui du corps humain, les deux zones principale d’un sol (la litière = zone décomposition ; la rizhosphère = zone d’assimilation), le cycle des substances vivantes, le compost de surface.
Masanobu Fukuoka : l’agriculture sauvage et les quatre principes de non-agir, soit aucune produit chimique, aucun traitement, aucun compost, aucun travail du sol.
Bill Mollison et David Holmgren : la permaculture
Robert Hart : l’agro-foresterie et les septs différentes couches de végétation
(grands arbres, arbres nains, arbustes, plantes herbacées buissonnantes, plantes rampantes, plantes racines, plantes grimpantes)
John Jeavon : l’importance d’un sol meuble, profond et non-compacté (utilisant toutefois le double bêchage), produire beaucoup sur une petite superficie, la haute densité des plants (créer un micro-climat).
Robert Kourik : l’aménagement d’un environnement diversité à la fois décoratif et comestible.
Gilles Lemieux : Le bois raméal fragmenté comme moyen de redonner vie au sol et d’inverser le processus de dégradation des sols.
Ruth Stout : la faisabilité des mulchs permanents et leur impact sur l’efficacité, le temps et le labeur du travail au jardin.
Allan Schmitt : le fonctionnement du sol et le cycle de l’éthylène.
Logiquement, les principes suivants découlent de toutes ces connaissances :
Alternativement, les jardins autofertiles auront :
Les principaux éléments que l’on y retrouve sont les buttes, les points d’eau et les arbres.
Les buttes, d’une largueur de 4 pi et de 30 cm. de haut, sont l’endroit réservé à la croissance des plantes. Entre chacune d’elles, les allées d’un pied large (30 cm) permettent de se déplacer et d’atteindre le centre des buttes sans avoir à marcher dessus.
Les points d’eau, permettent d’attirer, de garder et de protéger divers prédateurs naturels. Une forme irrégulière accroît le périmètre de l’étang, créant ainsi un milieu plus productif pour une même superficie. La profondeur doit également être irrégulière, de manière à offrir un large éventail d’habitats. Ces petits étangs (de quelques centimètre à plusieurs mètres) apportent donc plusieurs effets :
À voir : Les plantes pour plans d’eau
Les arbres sont pratiquement indispensables dans la conception d’un aménagement en raison de la multiplicité de leurs fonctions. Pas seulement en tant que producteur d’aliments, de carburant et de bois, mais aussi pour la myriade d’effets bénéfiques que leur transaction énergétique a sur l’écosystème. Voici quelques produits et fonctions des arbres :
Selon les espèces, les arbres peuvent offrir :
À voir : Les espèces utiles au Québec
L’interaction entre ces trois principaux éléments produit un tout plus grand que si chacun des éléments était isolé.
Comment concrètement cultiver ?
Avant de prendre pelle et râteau, il est primordial de planifier le jardin. Il faut connaître le type de sol, les plantes et arbres déjà présents, le type de climat, etc.
Un plan sur papier permet de visualiser la forme et la disposition des buttes que nous désirons implanter, et permet d’éviter les erreurs une fois sur le terrain. La planification devrait également tenir compte des développements futurs (projets à venir, tailles des arbres à maturité, etc.)
Si le sol n’a jamais été cultivé, ou s’il fut abandonné depuis longtemps, il faut le remettre en conditions. Si le temps vous le permet, la meilleure pratique consiste à le recouvrir d’une matière organique pendant tout l’été, sans travail de sol. Cela créera un habitat et apportera de la nourriture pour toute une panoplie de d’organismes. Ceux-ci se chargeront de travailler le sol tout en digérant et incorporant la matière.
Pour les petites surfaces, une couche d’au moins 8 pouces de foin peut être appliqué et laissé en surface tout l’été. S’il y a beaucoup de chiendent et autres plantes vivaces non désirées, il faut d’abord recouvrir le sol d’une couche de carton brun (ex. boîte de réfrigérateur) avant de mettre le paillis.
Au cours de cette année de préparation, on peut néanmoins rendre le jardin productif en implant diverses cultures à travers le paillis. La plus courante est la pomme de terre : il suffit de faire un trou dans le carton, de mettre le tubercule en contact avec le sol, puis de recouvrir de paillis. Parmi les autres cultures qui réagissent bien, on retrouve les semis de légumineuses (gourgane, haricot, pois) ; les crucifères (chou-rave, chou) ; les laitues ; les solanacées (tomates, piments) ; les cucurbitacées (zucchini, concombre). À noter que si le sol est vraiment pauvre ou très compacté, les plants auront de la difficulté à pousser et les rendements seront nuls.
Les buttes ne sont travaillées qu’une seule fois (lors de leur aménagement), d’où l’importance d’y accorder toute notre attention :
Pour les plantes semées directement (ex. carotte, radis, maïs, pois, betterave, épinard), on déplace le mulch pour former un petit rectangle où déposer les graines). Quant aux transplants, on les plante directement à travers le mulch.
Les différents endroits sur la butte :
La disposition des cultures est très importante. Plus grande sera la diversité, plus grand sera l’interaction et l’effet bénéfique sur le sol, la faune et la flore. Il faudrait viser un minimum de 3 familles différentes par butte et obtenir une représentation de chaque des racines.
Selon les types de racine :
Selon le port de la plante :
Selon l’ensoleillement :
Les plantes tolérant l’ombre pourront être placées du côté nord et derrières des plantes plus imposantes.
Selon les exigences en nutriments (quantité) :
Ici, on recherchera à éviter d’avoir uniquement des plantes exigeantes sur une même butte.
Selon le type de matière organique préférée :
Cette caractéristique des plantes influence la position de leurs racines dans le sol. En effet, puisque l’apport de matières organiques au sol se fait en surface, il se crée tout un historique de décomposition. La litière consiste en cette zone de décomposition :
Ainsi, les cucurbitacées préféreront la zone semi-décomposée, alors que les carottes préféreront la zone bien décomposée.
La succession des cultures
En jardin autofertile, on ne parle par de rotation des cultures, mais plutôt de succession des cultures. Ainsi, on fera un plan du jardin chaque année, puis on évitera l’année suivante de replanter la même plante au même endroit.
Tout jardin devrait être entouré d’une butte contour. Celle-ci accueille les plantes envahissantes (topinambour, menthe), mellifères, volumineuses (rhubarbe) et arbustives (groseilles, caragana). Mais surtout, elle agit comme frein contre les envahisseurs : plantes (chiendent), animaux (ex. une haie de framboisier contre les chevreuils).
Cette méthode apporte de nombreux avantages. D’abord, au niveau écologique, on recrée des lieux où la biodiversité atteint des sommets. La terre est protégée et nourri, et la vie y est respectée.
Pour le jardiner, les bénéfices sont réels :
Bref, les jardins autofertiles sont plus économiques en temps et en argent, en plus de procurer un plaisir nouveau de voir toute cette diversité s’installer.
À l’heure actuelle, encore peu de documentation écrite sur les jardins autofertiles n’est disponible. La revue québécoise d’agriculture biologique Bio-Bulle (www.lavisbio.org) comporte toutefois une chronique mensuelle sur le sujet.
Bio-Bulle, Le magazine du bio québécois, numéro 48, mai 2004
Trois articles à lire :
Le Regroupement pour le jardinage écologique (www.rje.qc.ca) possèdent des vidéos présentant les jardins autofertiles et les concepts sous-jacents. Entre autre :
Pour approfondir les jardins autofertiles, la meilleure option reste la formation offerte par Réjean Roy et inclue d’excellentes notes de cours :
Formation en Jardinage biologique (permaculture, santé et alimentation)
Téléphone 819-396-0266, courriel : sevades@9bit.qc.ca
www.automneenchanson.ivic.qc.ca
Sur Internet
Réseau d’agriculture végétalienne, www.vegeculture.net
Site présentant des méthodes de cultures écologiques reposant sur une fertilisation végétale et le respect de la biodiversité.
Les Jardins Vivaces de Jacques Hébert, www.nextcity.com/go/jardins.html
Présentation de ses jardins et de l’utilisation du bois raméal fragmenté.
18 mars 2007 13:48
Commentaire :
Très bien écrit.
Malheureusement il manque des photos
Une image vaut 1000 mots et souvent plus
Cordialement
Ulrich Schreier
10 juillet 2007 06:43, par Venessa
Peut-on aller visiter un jardin autofertile ? Coordonnees, svp
19 février 2008 18:52, par Raymond
Au printemps 2007, j’ai suivis le cours de Réjean Roy sur le jardinage autofertile que j’ai bien aimé en passant. J’ai commencé à appliquer ces techniques au cours de l’été 2007. Je suis satisfait des résultats même si je n’ai pas utilisé toutes les conseils. Je recommence cette année et vous pourrez voir l’évolution de mon jardins autofertile 2008 sur mon site internet : www.centre-developpement-durable.com
Vous pouvez voir aussi des photos d’une formation de Réjean.